lundi 2 mai 2011

Osmose inadéquate.



Je crame l'extrimité de ma cigarette. J'inspire. La fumée entre dans mes poumons dans une grande aspiration. J'expire. La fumée me sort par les narines, comme elle sortirait des naseaux d'un dragon venu d'un autre âge. Le goût est dégueulasse. Je maintiens avec peine mes yeux ouverts, fixés sur l'écran. Je tombe de fatigue, d'épuisement et pourtant, je n'arrive pas à dormir. La sono, dans mon dos, crache le boum-boum répétitif d'une musique de boîte de nuit. Drogue sonore qui ne m'encombre pas l'esprit et qui m'empêche de sombrer dans le néant du mauvais sommeil. Ô Morphée, où t'en es-tu allé ? Je te cherche en vain, chaque soir où la nuit tombe devant mes yeux, jamais vraiment ouverts, jamais vraiment fermés. J'occupe mon temps, mon esprit. Je comble le vide de ces heures perdues pendant lesquelles je me retrouve seule avec moi-même. Comme je redoute cet affrontement quotidien. Alors je me défonce à ma façon. J'enchaîne films, livres et bouteilles de tequila dans l'espoir inutile que je n'aurais, ainsi, plus jamais à penser. Jamais. Oublier complètement ce que je peux ressentir. Oublier les autres, les amis, les amours, les passants. Oublier ce que je ressens, la rage, la haine, la colère, l'amour. Oublier où et qui je suis. Oublier cet endroit sordide dans lequel nous vivons tous. Oublier que cette clope roulée avec les fins d'autres clopes a le goût le plus affreux qui soit. Devenir un réceptacle de savoir et d'information. Lire, apprendre, penser. Ne plus ressentir, ne plus communiquer, ne plus souffrir. Je cours après cet idéal que je sais pourtant innateignable. Je le sais. Mais laissez-moi continuer, car c'est le seul but après lequel je peux encore courir. J'ai abandonné tout les autres. J'les ai laissés tellement loin derrière moi. J'ai recherché cet oubli de moi dans l'alcool. Peut-être était-ce une erreur, mais ça marchait bien. Je n'existais plus pour moi, plus du tout. Je me foutais vraiment de tout. Cette sensation rassurante qui vous fait vous foutre de tout. Le monde peut bien s'écrouler, on s'en fout. Les gens peuvent bien crever, on s'en fout. Je peux bien crever moi aussi, tiens, on s'en fout. L'existence est indisociable de la souffrance. Faut-il nécéssairement détruire l'existence lorsque la souffrance devient intolérable ? Faut-il nécéssairement détruire l'existence pour que la souffrance foute enfin le camp ? J'en peux plus, de bousiller mon existence. Mais cette souffrance. Cette douleur quotidienne, cette blessure ouverte, cette plaie qui ne veut pas cicatriser, on en fait quoi ? J'en fais quoi, moi ? Je dois détourner les yeux et continuer de vivre comme si elle n'était pas là ? Je ne peux plus continuer de l'ignorer. C'est usant. Ça va bientôt faire quelques mois que ne peux plus détacher mon regard de cette putain de douleur. Alors je bois. Je plonge et je me noie.

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