lundi 2 mai 2011

Au revoir.



Et je serre cette main que j'aime tant au creux de mes doigts, du plus fort que je puisse serrer. Je caresse ses doigts qui vont, sous peu, quitter les miens. Je ne veux pas que nos bras enlacés se quittent à nouveau. Les aiguilles de sa montre trottent inexorablement vers cette seconde fatidique. La seconde où nos deux corps devront se désserrer l'un de l'autre. Je ferme les yeux dans l'espoir vain de repousser l'échéance qui arrive envers et contre toute mon appréhension. Il se lève. Je l'observe, des pieds à la tête. Je m'imprègne de lui, de cette seconde qui s'achève bien trop rapidement. Je tends la main vers lui, il s'en empare et me tire loin du sol froid sur lequel nous étions assis. Il ne la lâche pas et m'entraine dans la noirceur illuminée de la rue. Nous marchons lentement, je n'ose pas lever la tête vers lui. Je ne sais que trop bien ce qu'il va arriver si je relève les yeux. Ils s'empliront de larmes que je n'arriverais pas à retenir. Je ne veux pas. Mon regard se perd dans les alentours. C'est un soir de fête, comme presque tout les soirs, dans les ruelles de cette ville. Les gens s'agitent autour de nous, ils ont tous un verre à la main. Ils discutent de futilités, de choses si anodines. Personne ne se rend compte de la gravité et de l'infinie tristesse de l'instant que je vis, ma main scellée à la sienne. Nous avançons au gré des lumières qui peinent à sortir des bars aux portes entre-ouvertes. La foule qui nous entoure n'existe pas vraiment. Nous sommes seuls et nous parlons. Un Au revoir silencieux. Pas besoin de mots, nous savons tout les deux ce qu'il en est. Et je sais qu'il sait. Nous arrivons devant le Petit Vélo. L'heure est à ses adieux momentanés. Il les reverra tous, demain, dans quelques jours. Il salue les visages amicaux qu'il croise, puis se décide à partir. La conductrice qui l'attend doit s'impatienter, pianotant sur le volan de la voiture à l'arrêt. Il sait qu'il la fait attendre. L'importance est moindre. Il sait qu'après la bande de potes, c'est à moi qu'il devra dire Au revoir. Et il sait que c'est pour une durée autrement plus longue. Je ne veux pas qu'il parte. J'ai envie de lui hurler de rester, de me prendre dans ses bras, de me serrer jusqu'à ce que j'étouffe & qu'il arrête le temps, à jamais. Mais je n'en fais rien. Je le regarde enchainer bises et poignées de mains. Arrive mon tour. Il s'approche de moi. Je fais un pas, lui écarte les bras puis me blottit tout contre lui. Je ferme à nouveau les yeux. Cet instant va toucher à sa fin, comme tout les autres. Le peuple qui nous entoure semble avoir disparu. Je m'empare de ses lèvres. Ses lèvres que j'aime tant. Une dernière fois. Encore une dernière fois. Il me glisse à l'oreille qu'il doit y aller pour de bon. Encore ses lèvres, je refuse de les lui rendre. Il s'écarte doucement. Je sens sa main glisser lentement hors de la mienne. Il marche, à présent, il s'éloigne. Il ne se retourne pas. Je comprends. Je me retourne rapidement aussi, comme si j'étais assez forte pour vivre cette séparation sereinement. Je fais volte-face dans la seconde suivante pour l'observer traverser le parking jusqu'à cette maudite voiture. Je me tiens là, debout, seule, au milieu de cette foule d'inconnnus qui passent une bonne soirée. Infiniment seule, laissée là. Les larmes que j'ai contenues se déversent sans que j'y prenne garde. Je ne peux plus les retenir. Personne ne remarque rien. Je ne bouge pas de ce milieu de rue duquel il est parti. Les minutes passent et le manque grandit au creux de mes reins, sans que je puisse y faire quoique ce soit. J'euthanasie mon coeur pour ne plus penser à cette séparation qui me brise. Je ravale mes larmes du mieux que je peux. Je suis figée. Et je n'ose pas imaginer combien il va me manquer.

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