samedi 3 décembre 2011




"J'irai chercher dans la balle d'un revolver, l'oubli, mon seul refuge loin de ce qui est indicible et innomable."

- H.P. Lovecraft.


mardi 28 juin 2011

Reeperbahn.

C'est arrivé comme ça, sans que je m'y attende vraiment. C'était un peu comme une bouteille jetée à la mer qui finissait par échouer sur le sable. C'était un peu comme un cerf-volant emporté par le vent qui atterrissait au hasard d'une campagne. C'était un peu comme un chat égaré qui avait élu domicile sur mon paillasson. C'était un peu comme si j'avais trouvé un courrier qui ne m'était pas adressé dans ma boîte aux lettres. C'est arrivé comme ça, sans que j'y fasse attention. Ce matin, je me suis réveillée et j'ai réalisé que je ne t'aimais plus.

Antibiotics.

Il n'y a jamais rien de neuf. On ne fait que reproduire, ré-actualiser sans cesse des choses, des sentiments, des modes qui existaient bien avant qu'on ait nous-même vu le jour. On se contente de renommer, d'apposer un nouveau sceau, une nouvelle enseigne. Toujours plus nouveau, toujours plus brillant. On vit dans un monde qui n'est qu'un recyclage du précédent, enveloppé dans du papier cadeau pour rendre le tout acceptable par tout le monde - ou du moins une grande majorité qui suffit à remplir les quotas. Quelqu'un a dit qu'on n'était tous, en fin de compte, que des statistiques. Eh bien, il avait raison. Rien que des chiffres sur un papier, rangés dans un dossier, stockés dans un ordinateur. On ne fait plus rien de neuf, on se contente de chercher ce qui est le plus old-fashion pour le remettre au goût du jour. Et ainsi de suite. Bienvenue sur la planète recyclable à l'infini. Et moi, je me demande comment tout cela va se finir, si tant est que ça finisse un jour.

lundi 2 mai 2011

You were disconnected.


C'est lundi. Une nouvelle journée qui entame une nouvelle semaine. La vie dite "active" qui reprend son cours après une journée de sommeil. Je n'en ferais pas partie, une fois de plus. Je regarde à travers la vitre le monde qui défile, s'agite. Sans moi. Je suis cloîtrée dans la prison que je me suis construite. Je n'existe plus, aux yeux du monde. Il ne me voit pas. Mais de mon côté, je ne peux m'empêcher d'y accrocher mon regard. Je n'ai pas dormi, encore. J'observe le soleil se lever, lentement. Les gens se lèvent avec lui. Nouvelle semaine qui commence. Métro. Boulot. Dodo. Je n'existe plus pour le monde. Tant mieux, au fond. Non, ce n'est pas mieux. C'est simplement moins pire. Les gens vont aller travailler, déjeuner entre amis, se raconter leur week-end. Pour moi, ces deux jours ont été tellement semblables aux autres. D'un identique déconcertant. Qu'ai-je donc à raconter ? Rien. Et à qui donc ? Personne. Peut-être est-ce mieux que d'échanger d'insipides anecdotes avec d'autres gens que nous ne fréquentons que par soucis de sociabilité, d'intégration. Peut-être. Le soleil continue de grimper dans le ciel, j'observe par la vitre. Les enfants, leurs cartables sur le dos s'agrippent aux mains de leurs mamans, qui les guident jusqu'à l'école primaire, au bout de la rue. J'écrase ma cigarette au fond d'un cendrier imaginaire. Le bois du meuble sera abimé. Tant pis. Est-ce donc préférable de vivre en dehors de ce monde ? Les illusions ne sont-elles pas salvatrices ? C'est vrai, quoi. Il me suffit de jeter un regard à tout ces gens que je trouve asservis, enchainés, dominés par cette société écœurante, ils ont l'air tellement heureux. Ce n'est qu'une satisfaction illusoire, de faux espoirs. Mais quand bien même. A les regarder sourire, je me surprends à les envier. Ce tas de cons méprisables. J'envie la simplicité de leur soit-disant bonheur.

Sur le pont.



Elle était là. Fragile. Debout sur le rebord qui prévenait de la présence du fleuve, elle marchait pieds nus. Elle regardait la Seine, en contre-bas, mais ses cheveux emmêlés par le vent n'avaient de cesse de la gêner dans son observation minutieuse des mouvements de l'eau sale. Sa main gauche tenait une paire d'espadrilles espagnoles, qu'elle avait acheté l'été dernier. Elle suivait le cours de la rambarde, ainsi que celui de l'eau. Un sourire s'esquissa sur son visage lorsqu'une brise lui tint les cheveux en arrière. Elle continuait de marcher, lentement, profitant de chaque instant où le soleil s'imprégnait sur sa peau claire. Elle souriait pleinement, à présent. Résolue. Elle posait un pied après l'autre, presque en sautillant, à la manière dont une danseuse de ballet classique entre sur scène, sur la pointe des pieds. L'application éxagérée de chacun de ses pas semblait l'amuser. Elle releva la tête et aperçut le pont. Son pont. Leur pont. Elle se souvint de chacune des occasions où ils s'y étaient rendus, ensemble. Elle souriait. Elle n'était ni triste, ni en colère. Elle était sereine. Comme elle ne l'avait jamais été, d'ailleurs. Elle augmenta la taille de ses soubresauts ainsi que leur vitesse. On aurait dit qu'elle n'avait mis qu'un instant à arriver jusqu'à ce lieu qu'elle chérissait tant. Le pont. Leur pont. Elle marcha jusqu'au tiers de celui-ci, à l'endroit où, sur la rambarde, était gravé un message qu'elle savait être la seule à pouvoir déchiffrer. Elle se hissa sur le rebord et s'assit, les pieds se balançant dans le vide. Elle regardait loin, l'horizon, peut-être. Mais on voyait dans son regard qu'elle n'était d'ores et déjà plus parmi nous. Elle sorti un feutre qu'elle avait pris soin de mettre dans sa poche avant de sortir de chez elle, griffonna quelque-chose sur le rebord. Elle ferma les yeux, une dizaine de secondes. Et lorsqu'elle les rouvrit, un sourire des plus éclatants illuminait son visage. Avant même que n'importe quel passant eu le temps de réaliser ce qu'il se passait, elle s'était lâchée dans le vide. Ce n'est que le bruit du choc entre son corps fragile et l'eau froide de la Seine, que les gens accoururent, en panique. Elle ne fût pas sauvée. Et c'était son souhait le plus cher. Sur la rambarde, on pouvait lire un tas d'inscriptions et de tags, mais à l'endroit où elle s'était laissée tomber, on peut toujours lire: « L'inconnu avec toi, c'est quand même plus marrant que la vie toute seule ».

Série B.



Nan, nan, je ne crois pas que l'équilibre soit de rester immobile. Se contenter de contempler la vie qui défile comme un film de série B dont tu connais la fin, même si tu ne l'as pas écrite de ta main. Le script est directement inspiré du passé, sans tirer de leçon des clichés dépassés. De trop vieux schémas rabâchés, jamais remplacés. Tout le monde à sa place, les moutons seront bien gardés. On pourrait continuer pendant des années, je pense, à se regarder ainsi en chiens de faïence ? Mais quels que soient ton quartier ou les traumas de ton enfance, la lucidité ne fait pas de préférence. Ton identité se laisse aller à des références d'une culture de merde, qui te fait perdre le sens des valeurs du cœur d'où te viennent la puissance et l'humilité qui te mènent à la connaissance.

Au revoir.



Et je serre cette main que j'aime tant au creux de mes doigts, du plus fort que je puisse serrer. Je caresse ses doigts qui vont, sous peu, quitter les miens. Je ne veux pas que nos bras enlacés se quittent à nouveau. Les aiguilles de sa montre trottent inexorablement vers cette seconde fatidique. La seconde où nos deux corps devront se désserrer l'un de l'autre. Je ferme les yeux dans l'espoir vain de repousser l'échéance qui arrive envers et contre toute mon appréhension. Il se lève. Je l'observe, des pieds à la tête. Je m'imprègne de lui, de cette seconde qui s'achève bien trop rapidement. Je tends la main vers lui, il s'en empare et me tire loin du sol froid sur lequel nous étions assis. Il ne la lâche pas et m'entraine dans la noirceur illuminée de la rue. Nous marchons lentement, je n'ose pas lever la tête vers lui. Je ne sais que trop bien ce qu'il va arriver si je relève les yeux. Ils s'empliront de larmes que je n'arriverais pas à retenir. Je ne veux pas. Mon regard se perd dans les alentours. C'est un soir de fête, comme presque tout les soirs, dans les ruelles de cette ville. Les gens s'agitent autour de nous, ils ont tous un verre à la main. Ils discutent de futilités, de choses si anodines. Personne ne se rend compte de la gravité et de l'infinie tristesse de l'instant que je vis, ma main scellée à la sienne. Nous avançons au gré des lumières qui peinent à sortir des bars aux portes entre-ouvertes. La foule qui nous entoure n'existe pas vraiment. Nous sommes seuls et nous parlons. Un Au revoir silencieux. Pas besoin de mots, nous savons tout les deux ce qu'il en est. Et je sais qu'il sait. Nous arrivons devant le Petit Vélo. L'heure est à ses adieux momentanés. Il les reverra tous, demain, dans quelques jours. Il salue les visages amicaux qu'il croise, puis se décide à partir. La conductrice qui l'attend doit s'impatienter, pianotant sur le volan de la voiture à l'arrêt. Il sait qu'il la fait attendre. L'importance est moindre. Il sait qu'après la bande de potes, c'est à moi qu'il devra dire Au revoir. Et il sait que c'est pour une durée autrement plus longue. Je ne veux pas qu'il parte. J'ai envie de lui hurler de rester, de me prendre dans ses bras, de me serrer jusqu'à ce que j'étouffe & qu'il arrête le temps, à jamais. Mais je n'en fais rien. Je le regarde enchainer bises et poignées de mains. Arrive mon tour. Il s'approche de moi. Je fais un pas, lui écarte les bras puis me blottit tout contre lui. Je ferme à nouveau les yeux. Cet instant va toucher à sa fin, comme tout les autres. Le peuple qui nous entoure semble avoir disparu. Je m'empare de ses lèvres. Ses lèvres que j'aime tant. Une dernière fois. Encore une dernière fois. Il me glisse à l'oreille qu'il doit y aller pour de bon. Encore ses lèvres, je refuse de les lui rendre. Il s'écarte doucement. Je sens sa main glisser lentement hors de la mienne. Il marche, à présent, il s'éloigne. Il ne se retourne pas. Je comprends. Je me retourne rapidement aussi, comme si j'étais assez forte pour vivre cette séparation sereinement. Je fais volte-face dans la seconde suivante pour l'observer traverser le parking jusqu'à cette maudite voiture. Je me tiens là, debout, seule, au milieu de cette foule d'inconnnus qui passent une bonne soirée. Infiniment seule, laissée là. Les larmes que j'ai contenues se déversent sans que j'y prenne garde. Je ne peux plus les retenir. Personne ne remarque rien. Je ne bouge pas de ce milieu de rue duquel il est parti. Les minutes passent et le manque grandit au creux de mes reins, sans que je puisse y faire quoique ce soit. J'euthanasie mon coeur pour ne plus penser à cette séparation qui me brise. Je ravale mes larmes du mieux que je peux. Je suis figée. Et je n'ose pas imaginer combien il va me manquer.

Casse-toi de mes pensées.



Te voir si proche, à te retourner sous les draps, à portée de ma main. Et sentir, pourtant, au fond de mes tripes, que nous glissons bien loin l'un de l'autre. Quelle désagréable souffrance. Savoir que d'un simple geste, ta peau que j'ai tant adulée peut se retrouver sous mes doigts mais que je n'en ferais rien. Amère & inutile torture que je m'inflige. Tu es si calme, lorsque tu dors. Rien ne peut plus t'atteindre. Plus d'angoisse, plus de souci, plus de question, plus rien qui puisse te troubler. Ce calme qui s'empare de toi, je voudrais t'en voler un peu. Me blottir contre toi et partager cette paix passagère dont ton corps transpire. Mais je ne peux pas. Tout me retient. Ce froid glacial dans ta voix, ce dos que tu as tourné vers moi. Je ne peux pas. Tu t'es engagé sur un chemin sur lequel tu m'as implicitement ordonné de ne pas te suivre. Je te regarde t'éloigner. Ca me blesse si profondément. Et toi, cela ne semble t'affecter d'aucune façon. Bonne nuit, petit poisson rouge, toi qui arpente mes rêves et trouble mon sommeil. Je te regarderai dormir jusqu'à ce que Morphée m'emmène loin de toi. Je te regarderai de loin, sans toucher, sans approcher. Mes derniers instants de toi. Je les savoure, même si le goût amer de ce qui va suivre s'empare déjà de moi. Mes yeux s'emplissent de toi. Dors. Laisse-moi voler ces images de toi que je serais à jamais seule à posséder. Ton torse qui ne dépasse qu'à moitié des draps, le dessin de tes hanches qui se devine au travers des plis, ta respiration lente, régulière, ton visage doux que même une dizaine de piercings n'arrivent pas à durcir, ton cou sur lequel on peut voir ton pouls battre ta peau. Tout ça me fait réaliser que j'aime être avec toi, près de toi, contre toi. Ah ! Que je te hais d'être toi, que je hais ce monde, cette famille, cet entourage, ces conneries de t'avoir rendu si abrupte, si imperméable et si solitaire. Je ne peux te donner ce que tu voudrais de moi. Et je te hais d'avoir ce besoin que je ne peux satisfaire. Reste endormi pour toujours, s'il-te-plaît. Ainsi, jamais les mots que je redoute tant ne franchiront le seuil de tes lèvres. Reste endormi, que je garde cette image de toi qui me fout les larmes aux yeux.

Sweet symphony.



J'ai comme envie d'autre-chose. Envie d'arrêter de regarder ma vie passer, attendre qu'il soit là, qu'on me tire par la main pour que je foutte les pieds dehors. J'ai comme envie d'autre-chose. Envie de courir dehors, de voir des arbres et une putain de campagne, de tomber et de me relever, les genoux pleins de boue. J'ai comme envie d'autre-chose. Envie de danser, chanter, hurler, gueuler, cracher mes tripes et poumons juste pour me défouler, de tournoyer jusqu'à avoir mal au crâne. J'ai comme envie d'autre-chose. Envie de sortir, de parler, de rire surtout, inquantifiable envie d'inconnus et de nouveaux horizons. J'ai comme envie d'autre-chose. Envie de mettre la musique tellement fort que mes tympans exploseraient. Envie de hurler tellement fort que mes cordes vocales ne tiendraient pas le coup. J'ai envie de vous dire de vivre avec moi. Parce qu'ensemble, c'est tellement mieux que tout seul.

Get closer to the end.



C'est vide. Le néant absolu. Mon coeur est vide, ma poitrine est ornée d'un trou béant que je ne peux pas m'empêcher de regarder. Je ne peux pas en détacher mes yeux. Je n'arrive pas à penser à autre-chose qu'à ça. La douleur qui me fait ressentir. La douleur, présente partout. Elle s'est infiltrée dans chaque parcelle, chaque partie, aussi minuscule soit-elle de mon corps. Chacun de mes nerfs me renvoie à l'intolérable souffrance que je n'arrive pas à oublier. Je gueule, je hurle, je pleure, je crie. Mais comment changer l'immuable ? Comment changer ce qui ne peut l'être ? Comment se battre contre quelqu'un qui n'a de cesse de s'enfuir ? C'est aussi vain que de tenter d'attraper un courant d'air ou bien de toucher un nuage du doigt. Je me sens intolérablement seule, noyée dans tout ce lot de sensations insupportables, ces sentiments éxcécrables qui me donnent à la fois envie de tuer de me foutre en l'air pour cesser, enfin, de les ressentir. Je me sens perdue, enchevêtrée dans ce tas de merdes qui me suivent à la trace. Je m'enfonce inéxorablement. Que quelqu'un vienne me chercher. Pour citer un chanteur dont je ne me souviens plus du nom mais que je n'aime pas, « Il faut que quelqu'un m'aide. Je n'ai qu'une seule vie. Il faut que quelqu'un m'aide ». Ouais, j'ai besoin d'aide parce que je ressens trop. Ou trop fort. L'intensité des trucs qui me frappent est trop grande. Je ne tiens pas le choc, je m'effondre comme un enfant qui ne sait pas encore marcher. Et je ne trouve plus, nulle part, le courage de me relever. Je ne trouve plus la force d'aller de l'avant et de me battre pour tout le reste, tout ce que j'ai et qui devrait suffir à me tenir debout.

Éclat de pornographie.


Salope de masochiste. Tu l'aimes, ton mal. Hein, que tu l'aimes ! Salope, salope. Et lorsque que par inadvertance, tu arrives à t'en extraire, il te manque. Ton mal, il est ancré à tes tripes. Tu ne peux plus vivre sans lui. C'est ton cancer bien à toi. Il te bouffe les entrailles et tu aimes ça. Salope. Tu le chéris, même. Tu l'entretiens. Tu le caresses de tes doigts sales et ça te fait sourire. Tu l'aimes ton mal. Il te réchauffe, te rappelle combien tu es en vie, toi, petit amas de chair frêle & vacillant. Amas de chair et de viscères. Ta douleur que tu bénis de te rappeler que tu es en vie. Salope. Tu ne peux plus t'en défaire, maintenant, hein. Mais qu'en as-tu à faire ? Rien. Tu ne pourrais plus vivre sans elle, de toute façon. À quoi bon tenter de la soustraire à toi. Salope. Tu le protèges, ton mal. Tu le gardes au creux de tes reins, bien au chaud. Il est profondément entré en toi. L'euphémisme ! Il fait partie de toi. Il guide chacun de tes pas et de tes actes. Et tu le bénis, ton mal, salope ! Tu le remercies de prendre les décisions à ta place et de ne plus exiger de toi le moindre effort de réflexion. Salope, salope. Regarde le déchet que tu es devenu. Salope de masochiste. T'es comme les épinards dans l'assiette d'un gosse. Tu n'es pas à ta place. Tu n'as plus de place nulle part. Il ne te reste que ta douleur, ta souffrance. Elle qui t'ouvre les bras et qui est toujours présente, chaude, quelque-part au fond de ton ventre. Il ne te reste que ton mal à chérir et à haïr. Salope. Tu es seule avec ton mal, maintenant.

Out of control.



J'aurais voulu te dire que je t'aimais de tout mon cœur, que j'ai été brisée de devoir te laisser ainsi, le cœur arraché, hors de ta poitrine, ton sang s'écoulant lentement jusqu'au caniveau. J'aurais voulu te dire que ce n'est pas ce je voulais, que je regrette et que je m'en veux. J'aurais voulu être écœurée, détourner les yeux et porter ma main à ma bouche pour me protéger de cette puanteur nauséabonde que tu dégageais. J'aurais voulu que tu ne te débattes pas, lorsque je me suis approchée de toi, la lame à la main. J'aurais voulu que tu comprennes le mal que tu m'avais fait, que tu comprennes que ça allait finir par arriver, un jour ou l'autre, que c'était inévitable. J'aurais voulu te dire que je t'aimais, une dernière fois. J'aurais voulu prendre ta main blanche et froide, et la frôler doucement contre ma joue, comme tu faisais, autrefois. J'aurais voulu que tu me protèges de moi-même, à cet instant. J'aurais voulu que tu saches, que tu trouves les mots pour m'empêcher. J'aurais voulu t'entendre me susurrer des excuses mêlées aux mots doux que tu maniais si bien, à l'époque. J'aurais voulu que tu ne te mettes pas à pleurer et à implorer ma pitié. J'aurais voulu que rien de tout cela n'arrive. J'aurais voulu tellement de choses qui ne sont pas arrivées. Et j'ai fait tellement de choses qui elles, n'auraient jamais du avoir lieu. J'aurais voulu te dire que je regrette, mais je n'en ferais rien. Je t'écris tout cela, sachant pertinemment que tu ne le liras jamais. Ton corps est étendu sur le trottoir, dépourvu de toute vie, ton cœur éviscéré trainant un peu plus loin sur la chaussée. Et je souris, à cette image. Oui, je souris. J'aurais voulu rester à contempler ce spectacle, éprise d'un étrange mélange de dégoût et de soulagement. J'aurais voulu te demander pardon.

La fuite.



C'est étrange. Je suis assise dans ce train, j'attends le départ vers une autre vie. C'est irresponsable, m'ont dit certains, je suis trop jeune m'ont dit d'autres encore. Y a-t-il un âge pour rechercher la sérénité ? Le combat est trop rude, la force qui s'élève contre moi, trop forte. Je préfère fuir le champ de bataille. Fuir. Tel est le mot emblématique de mon voyage à venir. Je suis dans une fuite perpétuelle. Est-ce l'autorité ou simplement la figure parentale détruite dont je cherche à me soustraire ? La question est encore aujourd'hui sans réponse. Je préfère fuir loin du conflit qui me ronge, me bouffe, me détruit. Alors me voilà, assise dans ce train, à attendre le départ vers cet inconnu que nous côtoyons tous: l'avenir. Je suis loin d'être sûre de ce que je fais, et je n'ai aucune idée de ce dans quoi je me lance. Ma seule certitude est que j'ai besoin de fuir tout ce qui actuellement constitue mon quotidien. Le train démarre, je ne peux plus reculer. C'est la fin. Les rails défilent sous les roues comme une route inévitable, un chemin dont je ne peux plus me séparer. Je me déplace inexorablement vers l'inconnu. Ce train m'emmène vers le reste de ma vie. J'appréhende. Jamais je n'aurais dû avoir à prendre cette décision, à faire un tel choix. Mais, à mon grand désarroi, les choses sont ce qu'elles sont et je ne peux les changer. Alors, je les fuis. On dit bien souvent que la fuite est la voie des lâches ou des faibles, je refuse d'y croire. Il faut énormément de courage pour affronter la réalité, mais il en nécessite d'autant plus pour tout quitter sans préavis, s'échapper de son quotidien, se soustraire à sa propre vie, lorsque la réalité est trop écrasante pour être (sur)vivable.

Ôde à l'Inconnu.



Pourquoi les gens sont-ils radicalement incapables de s'aimer ? Pourquoi nous sentons-nous menacés par cet Autre si semblable et à la fois si différent de nous-même ? Pourquoi le mystère et l'inconnu que nous offre cet Autre que nous croisons chaque jour dans le bus ou dans la rue ne nous donne-t-il pas envie d'aller à sa rencontre ? Pourquoi, au contraire, avons-nous peur de ce qui est différent de nous ? Je rêve d'un monde où saluer quelqu'un dans la rue, quelqu'un qu'on ne connaît pas, ne serait pas un acte d'intrusion dans l'intimité de cet individu, mais une rencontre. Même très brève. Je rêve d'un monde dans lequel les gens ne seraient pas gênés de soutenir le regard d'une autre personne dans les wagons des transports en commun qu'ils partagent. Je rêve d'un monde dans lequel entamer la conversation avec la personne en face de vous pour les 5 longues heures de voyage communes dans un tgv serait simplement un moyen de démystifier cet Autre, d'occuper tout ce temps à partager, échanger, plutôt que de s'enfermer, casque sur les oreilles, dans son propre monde qui est forcément mieux que celui de tout les autres. Alors, je vous crie mon SOS, je vous le hurle, je vous le crache au visage. Ouvrez-vous aux autres ! Non, l'inconnu n'est pas terrifiant. Il peut être décevant, c'est vrai. Mais aussi tellement surprenant et intéressant. Et, croyez-moi, ça en vaut la peine. Alors, si vous me lisez, faites passer le message. Commencez tout de suite à sourire à ce tas de gens que vous ne connaissez pas. Peut-être que, comme moi, vous tomberez un jour sur des inconnus que vous regretteriez de ne pas connaître.

Fuck off & die.



Il me manque. Parfois, comme ça, ce sentiment m'enveloppe sans crier gare. Un creux dans l'estomac, un vide que rien ne semble pouvoir combler. Comme je hais cette foutue sensation. Une douleur lancinante qui ne connaît aucune trêve, aucun répit. Comme j'aimerai te hurler de me revenir. Mais je sais si bien que c'est impossible, que les choses, les gens, changent. Je sais si bien que rien ne sera plus jamais comme avant. Et je regrette tellement. Je regrette que ces certitudes qui me rendaient le sourire se soient évanouies. Je regrette chacun de ces instants qui avaient l'incroyable faculté de me rendre folle amoureuse de la vie même. Et c'est avec nostalgie que je me remémore que ces temps sont révolus, que ces jours se sont achevés. Une nostalgie baignée d'amertume. Et peut-être, il faut l'avouer, une pointe de peur de cet inconnu qui me tend les bras. De cet avenir exempt de certitudes rassurantes.

Night silent moment.



Y a de la musique, du bruit, des gens. La rue, toute pleine de son effervescence quotidienne. Les ombres pressées qui ne s'arrêtent jamais, qui marchent sans fin vers une destination inconnue. C'est amusant de les regarder s'agiter sans cesse. J'aime bien m'attarder sur leurs démarches. Je ne suis le témoin que d'une minuscule partie de leur voyage, une figurante dans leur petite vie. La rue, vide. Indication décor: Il fait nuit. La rue dans son silence nocturne. A demie éclairée par les enseignes des boutiques encore allumées, sans doute pour faire peur aux méchants éventuels cambrioleurs. Marcher dans le silence, se souvenir de l'agitation diurne. Profiter du vide, du rien, du néant. Entendre ses propres pas qui résonnent sur le pavé usé des trottoirs.

Osmose inadéquate.



Je crame l'extrimité de ma cigarette. J'inspire. La fumée entre dans mes poumons dans une grande aspiration. J'expire. La fumée me sort par les narines, comme elle sortirait des naseaux d'un dragon venu d'un autre âge. Le goût est dégueulasse. Je maintiens avec peine mes yeux ouverts, fixés sur l'écran. Je tombe de fatigue, d'épuisement et pourtant, je n'arrive pas à dormir. La sono, dans mon dos, crache le boum-boum répétitif d'une musique de boîte de nuit. Drogue sonore qui ne m'encombre pas l'esprit et qui m'empêche de sombrer dans le néant du mauvais sommeil. Ô Morphée, où t'en es-tu allé ? Je te cherche en vain, chaque soir où la nuit tombe devant mes yeux, jamais vraiment ouverts, jamais vraiment fermés. J'occupe mon temps, mon esprit. Je comble le vide de ces heures perdues pendant lesquelles je me retrouve seule avec moi-même. Comme je redoute cet affrontement quotidien. Alors je me défonce à ma façon. J'enchaîne films, livres et bouteilles de tequila dans l'espoir inutile que je n'aurais, ainsi, plus jamais à penser. Jamais. Oublier complètement ce que je peux ressentir. Oublier les autres, les amis, les amours, les passants. Oublier ce que je ressens, la rage, la haine, la colère, l'amour. Oublier où et qui je suis. Oublier cet endroit sordide dans lequel nous vivons tous. Oublier que cette clope roulée avec les fins d'autres clopes a le goût le plus affreux qui soit. Devenir un réceptacle de savoir et d'information. Lire, apprendre, penser. Ne plus ressentir, ne plus communiquer, ne plus souffrir. Je cours après cet idéal que je sais pourtant innateignable. Je le sais. Mais laissez-moi continuer, car c'est le seul but après lequel je peux encore courir. J'ai abandonné tout les autres. J'les ai laissés tellement loin derrière moi. J'ai recherché cet oubli de moi dans l'alcool. Peut-être était-ce une erreur, mais ça marchait bien. Je n'existais plus pour moi, plus du tout. Je me foutais vraiment de tout. Cette sensation rassurante qui vous fait vous foutre de tout. Le monde peut bien s'écrouler, on s'en fout. Les gens peuvent bien crever, on s'en fout. Je peux bien crever moi aussi, tiens, on s'en fout. L'existence est indisociable de la souffrance. Faut-il nécéssairement détruire l'existence lorsque la souffrance devient intolérable ? Faut-il nécéssairement détruire l'existence pour que la souffrance foute enfin le camp ? J'en peux plus, de bousiller mon existence. Mais cette souffrance. Cette douleur quotidienne, cette blessure ouverte, cette plaie qui ne veut pas cicatriser, on en fait quoi ? J'en fais quoi, moi ? Je dois détourner les yeux et continuer de vivre comme si elle n'était pas là ? Je ne peux plus continuer de l'ignorer. C'est usant. Ça va bientôt faire quelques mois que ne peux plus détacher mon regard de cette putain de douleur. Alors je bois. Je plonge et je me noie.

Get on down.



Il existe un sentiment horrible dont je n'arrive pas à me défaire. Cette espèce de partage déchirant entre l'amour et la haine que je ne peux m'empêcher de vouer à une même personne. Deux sentiments forts, puissants, violents pour les deux facettes indissociables d'une seule et unique entité. Je n'arrive pas à déséquilibrer la parfaite symbiose qui tend à mêler ces deux sensations. Je pense que le caractère viscéral, la violence de ces sentiments - vous savez, celui qui vous prend au tripes, qui obnubile vos pensées, qui vous empêche de penser, qui vous ôte toute capacité de raisonnement logique, censé et pragmatique - les rend inséparables. Seulement, il est impossible d'adopter une même attitude auprès d'une personne pour laquelle on est incapable de définir ses sentiments, non ? Je ne sais pas quoi penser, quoi ressentir. Et donc, comment réagir. C'est un peu comme si la donne était changée à chaque fois que je la croise. Comme si deux forces s'opposaient sans cesse; l'une cherchant à me faire oublier le passé, à l'effacer complètement pour me permettre de repartir de zéro, l'autre tentant de me susurrer à l'oreille que certains actes ne méritent jamais de pardon, ne peuvent jamais être occultés. Il est difficile de faire objectivement la part des choses, dans ce genre de situation. Lorsque je prends le parti de l'amour inconditionnel et non-justifié, je me sens naïve et stupide. Lorsque j'entretiens la haine, je me sens toute vide de compassion. Comment réussir à trouver un équilibre tendant d'un côté ou de l'autre ? Comment ne pas avoir de regrets à propos d'un choix dont les deux options sont regrettables ?

New dawn fades.


A change of speed, a change of style. A change of scene, with no regrets. A chance to watch, admire the distance. Still occupied, though you forget. Different colours, different shades. Over each mistakes were made, I took the blame. Directionless so plain to see, a loaded gun won't set you free. So you say.
Well share a drink and step outside. An angry voice and one who cried, well, give you everything and more. The strains too much, can't take much more. Oh, I've walked on water, run through fire. Can't seem to feel it anymore. It was me, waiting for me. Hoping for something more, me, seeing me this time, hoping for something else.